Construit sur le site d’une ancienne filature de coton, le bâtiment de La Filature est réalisé en 1993 par l’architecte Claude Vasconi.
Sous sa coque de verre et d’acier, le bâtiment La Filature regroupe :
- La Filature, Scène nationale et sa galerie d’exposition,
- l’Orchestre National de Mulhouse,
- la Médiathèque de Mulhouse spécialisée dans les arts de la scène,
- le Festival Météo,
et accueille certaines représentations de l’Opéra national du Rhin, ainsi que les créations du CCN · Ballet de l’Opéra du Rhin.
MOT DE PRÉSENTATION
Il y a plus de trente ans, aux abords du Nouveau Bassin, sort de terre un édifice de granit, de verre et d’acier. C’est un théâtre voulu par les collectivités alsaciennes qui se sont accordées avec l’État pour en faire un équipement exemplaire de la décentralisation culturelle. Signé de l’architecte Claude Vasconi, ce nouvel équipement est baptisé La Filature, un nom évocateur du patrimoine industriel du site. En effet, cette Filature 2.0, tournée vers la culture, s’installe en lieu et place de la filature Laederich & Cie fondée en 1883 au bord du Nouveau Bassin. La réalisation du second port de Mulhouse amorçait en 1880 la transformation du quartier du Nordfeld à vocation agricole en une véritable zone industrielle. Ainsi, à un siècle d’intervalle, deux filatures occupent durablement le site, incarnant, chacune à son endroit, deux mutations historiques majeures de ce quartier.
L’équipement répond à un cahier des charges très ambitieux. Il doit en effet accueillir, outre une médiathèque, les programmations de trois institutions culturelles : la Scène nationale anciennement implantée dans le quartier voisin du Drouot, l’Orchestre symphonique de Mulhouse et l’Opéra national du Rhin avec son Ballet. La Ville de Mulhouse fait ainsi le pari de la culture en se dotant de l’un des plus gros équipements culturels français, dont le mode de gestion mutualisée garantit aux Mulhousien·nes une offre de spectacle vivant d’une richesse exceptionnelle.
Cette ambition culturelle mulhousienne s’inscrit dans une dynamique déjà ancienne qui a notamment conduit à la création, en 1826, de la Société industrielle de Mulhouse (SIM), perpétuant une tradition où l’innovation technique est au service du progrès social et culturel. Dès le XIXe siècle, le soutien aux arts est d’emblée un des axes privilégiés des entrepreneur·ses qui, à travers des commandes aux artistes, illustrent la dimension philanthropique et de mécénat caractéristique du bassin mulhousien.
Alors que La Filature a célébré son trentième anniversaire, cette mise en perspective historique est passionnante. L’existence même de cet équipement exceptionnel dans le paysage culturel français, l’ambition dont il est le reflet, font écho à l’audace qui fut celle des entrepreneur·ses alsacien·nes des siècles passés. L’intelligence collective qui a contribué au succès industriel de Mulhouse a également présidé à la conception du lieu et d’un modèle mutualisé dont la réussite est enviée ailleurs en France. Pourtant, si La Filature survit aux crises profondes qui bouleversent la société depuis mars 2020, cela ne doit pas occulter la remise en cause de « l’exception culturelle française ». Au moment d’entrer dans sa quatrième décennie, La Filature semble devoir, avec ses partenaires historiques, répondre à une question : comment renouer avec l’audace qui inspira ce projet, historique pour Mulhouse, plaçant la culture au centre des ambitions citoyennes et des enjeux de territoire ?
Benoît André, directeur de La Filature, Scène nationale de Mulhouse, à l'occasion des trente ans de La Filature en 2023.