Sganarelle, enfermé dans les valeurs d’un vieux monde, s’est mis en tête de se marier, persuadé d’avoir trouvé en Dorimène une jeune épouse selon ses critères. Il découvre une femme insoumise et émancipée, figure flamboyante, libre et manipulatrice. L’homme, bourgeois, fier et orgueilleux, est comme une proie, victime de sa propre vanité. Grâce aux partis pris de l’inversion et du renversement, la frontière entre une chose et son contraire devient poreuse. Sous ces masques étranges, caractéristiques du Munstrum Théâtre, le jeu des comédien·nes, dans une distribution non genrée, donne ampleur et acuité aux mots de Molière. Les costumes, inspirés d’une ligne classique à partir de pièces existantes, sont de véritables œuvres d’art. Portés retournés, ils laissent voir les coutures et les doublures. Quant à l’espace scénique, tel une réinvention des tréteaux, recélant trappes, portes et ouvertures secrètes, il contribue au rythme « tambour battant » avec lequel Louis Arene et Lionel Lingelser mènent cette comédie où les personnages rejouent la comédie de l’humanité…