La Filature

MAI DOCUMENTAIRE

focus sur le théâtre du réel

du ven. 10 au dim. 26 mai 2019

5 spectacles à La Filature infos
1 projection au Cinéma Bel Air infos
1 atelier théâtre avec David Lescot infos

On entend de plus en plus souvent parler d’un « théâtre documentaire » qui un peu partout en Europe renouvellerait les esthétiques théâtrales. Cette façon d’accoler le mot « documentaire » au mot « théâtre » remonte au début du siècle dernier avec l’un des grands rénovateurs du théâtre allemand : Erwin Piscator qui voulait avoir un effet politique sur le réel. Plus récemment, mais toujours depuis l’espace germanique, c’est le collectif Rimini Protokoll qui porte le réel sur scène. L’an passé, nous avions accueilli son spectacle Nachlass, un dispositif pour le moins émouvant qui présentait des autoportraits de personnes en fin de vie. Plus qu’aux événements, c’est aux protagonistes eux-mêmes que ce théâtre s’intéresse, à ces « experts du quotidien » qui interprètent leur propre rôle. Car c’est bien leur propre authenticité qui importe et est mise en scène.

Depuis quelques temps, le théâtre documentaire se décline également sur les scènes françaises et La Filature veut, avec ce focus, s’en faire le témoin. C’est ainsi que ses trois plateaux seront habités successivement par les habitants d’un village basque (Hospitalités), par des catalans ayant changé de genre (TRANS, Més Enllà), par la petite-fille de Julienne, une grand-mère bretonne (Autoportrait à ma grand-mère) ou encore par les supporters du Racing Club de Lens (Stadium), sans oublier Ludmilla Dabo, une comédienne qui – en nous racontant l’histoire de la chanteuse Nina Simone – livrera beaucoup de sa propre histoire (Portrait de Ludmilla en Nina Simone).

Comment se définit-on aujourd’hui dans nos genres, nos appartenances sociales, notre rapport à la transmission ? Ce théâtre-là creuse avec beaucoup de sensibilité de nombreuses questions liées à l’identité. En investissant le réel, le théâtre documentaire n’a bien heureusement renoncé ni au rêve ni à l’émotion. Bien au contraire, il est le reflet intime des spectateurs que nous sommes, touchés au plus profond de nos êtres.