Éloge de la fantaisie. Il était temps que nous profitions à notre tour du génial clown russe, Slava Polunin, dont le spectacle court le monde depuis près de vingt ans. Au centre d’une épopée à vivre pleinement, un échalas ébouriffé, ses pieds empêtrés dans des chaussons trop grands, son corps noyé dans une combinaison jaune fluo et un nez rouge. Il donne le la d’une représentation irrésistible que d’autres créatures, vertes celles-ci, avec de longues oreilles, métamorphosent en un moment magique où la logique part en vrille. Snowshow fait dans la démesure : il pleut des plumes, il neige des flocons, d’immenses ballons multicolores atterrissent sur nos genoux quand ce n’est pas une toile d’araignée géante qui nous emprisonne. Les images qui se suivent sans jamais se ressembler sont frappées au sceau du rêve et de l’utopie. Pas un mot ou presque n’est prononcé, seule la musique prend le relais pour plus d’émotions encore. Sous l’apparente simplicité du propos, se cache une extrême lucidité sur les absurdités auxquelles nous sommes confrontés lorsque le monde se met à marcher sur la tête. Slava’s Snowshow, de Broadway à Paris, connaît un triomphe qui ne se dément pas. Normal : ce spectacle rend heureux.