projections proposées dans le cadre des Nuits de l’Étrange
en présence de SMITH et Nadège Piton
(certaines images sont susceptibles de heurter la sensibilité du jeune public)
NIORT, MARAIS (France, 4’09)
+ THE AWAITING (France, 2’55)
+ LUNAR ECLIPSES (France, 3’50)
vidéos d’Anaïs Boudot
L’écriture poétique d’Anaïs Boudot traduit une expérience de l’épaisseur du temps par la lumière. Dans ses vidéos comme dans son travail photographique, l’artiste aborde la limite du visible. Son travail sillonne des espaces et des géographies définis par leur complexité, pour mieux reconstruire des territoires qui seraient, à l’oeil nu, inaccessibles. Ce qu’elle convie à chaque instant est avant tout l’expérience du regard qui doute, relance à ses franges, hésite à se fixer aux frontières du visible et de l’invisible – cet insaisissable à quoi il faut, malgré tout, donner une forme, et donc une sorte de vérité. Ce doute dans le visible, thème cher à la mystique et à Anaïs Boudot, a ceci de particulier, de vertigineux, d’être conjointement ouverture absolue sur les possibles et accès à l’inconnu.
LES APOCALYPTIQUES (France, 20’, noir & blanc, 2019)
un film de SMITH
Paris – temps incertain, temps de la fin. Une cycliste, cavalière d’une impossible apocalypse, erre autour de la ville éteinte, déserte, muette – guettant d’hypothétiques survivances. La Samaritaine, cube blanc, désaffecté, semble s’offrir comme un refuge ; mais elle se révèle le théâtre d’univers parallèles où se décide, avec les quatre derniers vivants, le sens de l’effondrement en cours. Les personnages qui y vivent sont en « arrêt de mort », suspendus entre deux états, traversant les possibles, pris dans une fin du monde sans cesse imminente, et pourtant sans cesse différée, et encore sans cesse recommencée. C’est le bâtiment même qui va incarner de manière vivante cet interstice travaillant toutes les apparitions qui semblent tracer ce lieu. Ce sont les modalités fluctuantes de cet espace de La Samaritaine qui vont déployer, amenant d’oracles SM en chansons nihilistes, de danses de séduction désespérées en rituels de mutation, la révélation claire qu’il n’y aura pas de révélation. Les fins du monde et les croyances sont défaites. Il n’est plus question de fin du monde, mais de commencements d’autres mondes – par la métamorphose. Apocalypse nous-autres.