Conférence le document et plus particulièrement le travail de Rabih Mroué sur et avec son frère (dans le spectacle Riding on a cloud) par Éric Vautrin, maître de conférences en arts du spectacle à l’Université de Caen.
La Filature, en partenariat avec la Haute École des Arts du Rhin, propose un cyle de 5 conférences pour dessiner une histoire du théâtre moderne et contemporain.
« Le théâtre est contenu dans les limites de tout ce qui peut se passer sur une scène écrivait Antonin Artaud en 1933. Il faut prendre cette affirmation littéralement : tout ce qui arrive dans les limites (temporelles et spatiales) que la scène se donne – et qui peuvent être très différentes de celles du plateau – est théâtre. Il aura fallu un siècle d’expériences et de bouleversements pour que cette affirmation devienne une évidence.
Le théâtre n’a pas d’essence. Il ne se définit pas par la pratique ou l’association d’un ou de plusieurs médiums, il ne se définit pas par un texte, des lumières, un décor, des costumes, ni même par des corps qui parlent et bougent, il n’est rien de tout cela parce qu’il est ce moment et ce lieu où tout est possible, où un possible, n’importe lequel, doit survenir. Mais, bien sûr, produire une scène suppose l’association de ces différents arts ainsi que d’autres encore, la musique, la vidéo, la danse, etc. Et le possible théâtral est à chaque fois indexé au jeu que le metteur en scène décide de jouer, aux arts qu’il requiert : arts du texte, arts du corps, arts de l’espace, arts du son.
Le théâtre est aussi cette pratique, et à chaque fois ce processus, qui fait travailler les arts, les médiums, les uns avec les autres. Il est en son principe même polyartistique, multidisciplinaire. Ce ne sont pas eux cependant que nous appelons ses doubles. Ses doubles sont ses alter ego, ses concurrents, ce sont les autres scènes, celles auxquelles il doit se confronter s’il veut étendre le champ de ce qui peut se passer sur sa scène. Car c’est la loi du théâtre que de chercher à augmenter la quantité de ses possibles. Et cela passe parfois, mais de plus en plus souvent, par la mise en jeu d’autres logiques scéniques, d’autres langages artistiques, qui font de la scène un espace guerrier, polémique ; où les arts collaborent moins qu’ils ne se frottent les uns aux autres, s’opposent, combattent, s’allient peut-être.
Nous nous intéresserons à cinq cas, cinq figures de ce polémos, de ce jeu du théâtre avec ses doubles : le roman, le document, la marionnette, la performance. et le travail du metteur en scène et dramaturge Joël Pommerat. Chaque conférence proposera, en partant de la pièce qui sera son sujet principal, de penser la figure dont elle est l’emblème à travers une série d’exemples empruntés au passé de l’art théâtral. Ainsi se dessinera progressivement, depuis ses bords, une histoire du théâtre moderne et contemporain. » Bastien Gallet